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eTwinning : l’école primaire passe les frontières dans ses murs

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Plateforme européenne de partages des savoirs et d’échanges pédagogiques, eTwinning compte aujourd’hui en France près de 25.000 utilisateurs parmi les enseignants et cadres de l’éducation nationale à qui elle est destinée. Les établissements concernés sont pour un tiers des écoles primaires mais près de dix ans après son lancement, l’initiative demeure méconnue des collectivités.

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L’eTwinning en chiffres

  • Neuf ans après son lancement en 2005, la plateforme eTwinnning revendique aujourd’hui près de 260.000 inscrits. Plus de 27.000 projets ont été réalisés dans son cadre et 6.700 sont actuellement menés (consulter les appels à projet en école primaire).
  • Le budget européen dévolu au programme représente une enveloppe de 13,5 millions d’euros, dont 900 000 destinés aux établissements français.
  • Avec 24.600 utilisateurs inscrits répartis dans 12.700 écoles, collèges et lycées, la France se positionne au troisième rang de fréquentation au sein des pays concernés, après la Turquie (40.500 utilisateurs) et la Pologne (25.500) et juste devant l’Espagne (22.000) et l’Italie (21.000). Les pays les plus connectés à l’eTwinning ne sont pas forcément les plus attendus, la Roumanie (14.400 utilisateurs) dépassant l’Allemagne (11.400) et faisant quasi jeu égal avec le Royaume-Uni (18.000).

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« Jumelage en ligne »

Logo eTwinningC’est, littéralement traduit, la définition de l’eTwinning. Pourtant, la version française du concept ne dit pas tout de ses possibilités réelles. Plus qu’un simple jumelage virtuel, l’eTwinning constitue désormais l’un des principaux vecteurs de diffusion des technologiques de l’information et de la communication pour l’enseignement (TICE) et de partage de connaissances entre établissements, ainsi qu’un point d’entrée prometteur d’apprentissage des langues vivantes pour les élèves du premier degré. En France, néanmoins, le primaire ne représente qu’un tiers des effectifs à bénéficier du programme et l’accroissement de son audience au sein des écoles reste un enjeu pour ses promoteurs.

Ici, des enfants élaborent un livre numérique avec le concours de petits camarades d’Outre-Rhin. Là, d’autres échangent à distance par webcam avec une personne anglophone et se corrigent in situ sous la vigilance de leur instituteur à l’aide du tableau blanc interactif (TBI). Ailleurs encore, des élèves du cours moyen postent photos et vidéos de leur environnement quotidien sur une messagerie destinée aux classes équivalentes d’autres pays. Ces pratiques forment la matrice de la plateforme eTwinning, lancée en 2005 sous l’impulsion du Commissaire européen pour l’Education, la Culture, le Multilinguisme et la Jeunesse.

eTwinningDestiné aux enseignants mais aussi aux chefs d’établissements et documentalistes, le projet porté par les instances bruxelloise a désormais cours dans 32 pays, soient ceux de l’Union européenne auxquels s’ajoutent l’Islande, la Norvège, la Turquie et la Macédoine. Il s’est même étendu, en mars 2013, à six Etats du voisinage méridional et levantin de l’Europe : Tunisie, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Moldavie et Ukraine.
Ce panorama devrait être un gage de succès. Celui-ci n’en demeure pas moins inégal selon les pays et les niveaux. « Dans certains pays comme l’Espagne, l’adhésion et l’implication dans l’eTwinning des classes du primaire est supérieure à celles du secondaire », note Marie-Christine Clément Bonhomme, coordinatrice nationale eTwinning du réseau de Création et d’accompagnement pédagogique (Canopé). « La situation inverse se vérifie en France. Le primaire a été incorporé au programme dès l’origine, mais il a fallu attendre les années 2008-2009 pour que l’eTwinning s’y développe véritablement. »

Un retard paradoxal quand, de l’avis des instances académiques, la transversalité de l’enseignement propre au primaire devrait justement favoriser ce type d’actions. A la source la relative lenteur de déploiement de l’eTwinning, et avec lui des enseignements par visioconférence, réside avant tout l’obstacle technique. « Le problème ne tient pas tant à une réticence de principe des enseignants », poursuit Marie-Christine Clément Bonhomme. « Les obstacles sont d’abord techniques et se posent d’ailleurs au développement global du numérique dans les écoles communales, avec un manque de matériel adapté, et parfois la mauvaise couverture du réseau dans certaines zones rurales. Bien sûr, la barrière linguistique et le manque de connaissance de l’outil numérique entravent encore un certain nombre d’enseignants. »

Ces dernières carences sont pour partie corrigées par le développement de formations académiques adressées spécifiquement aux enseignants du primaire, ainsi que par la mise en place d’un réseau d’ « ambassadeurs », autrement dit de professeurs des écoles qualifiés pour accompagner leurs collègues. Au plan strictement techniques, académies et collectivités attendent beaucoup du nouveau Plan Très Haut Débit et de son volet « écoles connectées », présenté en mai dernier par le gouvernement avec pour objectif de combler certains écarts territoriaux.

ErasmusMais le développement de l’eTwinning et de l’enseignement interactif en classe dépend aussi d’un autre facteur : une meilleure connaissance de l’enjeu au sein des collectivités, laquelle fait encore défaut. Certes, les élus locaux ne peuvent entrer directement dans le cadre de l’eTwinning puisque celui-ci s’adresse aux enseignants. Certes encore, les municipalités ont pour mission d’obtenir du financement et des moyens et n’ont pas vocation à intervenir sur les pédagogies et leur suivi. Un travail de sensibilisation n’en reste pas moins à mener auprès des décideurs et des élus. Il figure au menu du programme Erasmus + initié en janvier 2014 et dont la plateforme eTwinning dépend désormais. « Dans le cadre du programme Erasmus +, décideurs et élus participeront surtout aux partenariats stratégiques et aux projets destinés à promouvoir de nouvelles politiques scolaires. Mais ceci afin que ce programme et ses projets liés aient un impact plus important », précise Dennis Abbott, porte-parole du commissaire européen pour l’Education. C’est dans cette perspective que le portail européen de l’éducation qui doit être inauguré en 2015 contiendra des espaces dédiés aux interlocuteurs des collectivités.

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Une commémoration numérique primée

Professeur des écoles et conseillère pédagogique, Béatrix Vincent a encadré la classe de CP-CE1 de l’école montpelliéraine François-Mitterrand lauréate du premier prix national d’eTwinning du niveau scolaire pour l’année 2013.

Quelle appréciation portez-vous sur le développement de l’eTwinning en primaire ?

Béatrix Vincent : Le dispositif n’est pas encore très connu, y compris dans les milieux enseignants et même parmi ceux au fait de l’usage des TICE. Membre de jury de concours de professeurs des écoles, j’ai eu affaire à des candidats dotés d’une bonne culture du numérique, capables de me parler de pédagogies de projet, d’enseignement interactif des langues vivantes mais pas forcément au courant du programme eTwinning.

Comment prend corps un projet tel que celui primé en 2013 ?

Béatrix Vincent : Le cinquantenaire du Traité franco-allemand de l’Elysée, signé le 22 janvier 1963, en a créé l’occasion. Cet événement signifiait un moment de réconciliation entre deux nations en guerre quelques années plus tôt. Il y avait là quelque chose de parlant pour de jeunes enfants pour qui après un conflit entre voisins, il faut « faire la paix ». Leur école s’appelle François-Mitterrand, on leur a donc expliqué qui était cet homme et montré la fameuse photo de 1984 à Verdun où il prend la main d’Helmut Kohl. Puis, on a utilisé la littérature de jeunesse pour leur parler de l’Histoire, car il était difficile d’aborder celle-ci frontalement. De là, ont vu le jour un livre numérique et des échanges de contenus avec une école bavaroise dont les élèves, un peu plus âgés, apprennent le français. Nous avons, par exemple, étudié ensemble les symboles nationaux et européens. Au total, le projet s’est déroulé sur quatre mois, d’octobre 2012 à février 2013, un projet eTwinning dépendant du temps souhaité par l’enseignant.

Des élèves aussi jeunes ont-ils saisi l’enjeu du projet ?

Béatrix Vincent : Les 27 enfants de la classe ont très bien intégré sa définition et ses apports et pas uniquement en terme de contenu transmis. Au plan pédagogique, les enfants ont perçu l’objectif qui consiste à les rendre maîtres de leur propre apprentissage. Non seulement ils apprennent une langue, mais voient concrètement pourquoi ils l’apprennent. Elle n’est pas une fin en soi, pas plus que les TICE.

Avez-vous disposé d’un outil technique à la hauteur des ambitions?

Béatrix Vincent : Nous avons bénéficié de l’appui de la ville de Montpellier à raison de 2 000 euros pour un TBI. Mais la somme ne couvrait pas sa pose ni l’acquisition d’un ordinateur portable. Ce processus a pris du temps ce qui a souvent réduit les échanges directs avec l’instituteur allemand. Nous avons eu une fois une connexion en visioconférence avec les élèves allemands. Les échanges ont essentiellement consisté en des partages et des correspondances par messagerie.

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